Née à Tokyo en 1971, Moyoco Anno est un auteur de manga « shojo » (destiné aux jeunes filles). Parmi ses œuvres les plus représentatives, on retrouve Happy Mania (1995), Sakuran (2001), ou encore Hataraki Man (2004). Actuellement, elle publie en épisodes Ochibisan (depuis 2008) dans le magazine hebdomadaire Aera, et Bikacho Shinshi Kaikoroku (depuis 2013) dans le magazine de manga féminin Feel Young.

Le lectorat de Moyoco Anno ne se limite toutefois pas à un jeune public féminin. Son manga Chocola et Vanilla (2003), dont l’héroïne est une jeune sorcière, a été publié en épisodes dans un magazine de manga pour petites filles. Insufficient direction (2005), manga d’essai racontant sa vie avec son mari Hideaki Anno, cinéaste et animateur, ne s’apparente pas à un genre unique et vise un lectorat très large. De plus, Ochibisan, en cours de publication dans Aera, a tout d’abord été publié dans le journal Asahi. Ces divers supports de publication lui ont permis de conquérir un public encore plus étendu.

Nombre de ses œuvres ont été adaptées, que ce soit en série animée, en série télévisée ou en film. Son œuvre phare, Hataraki Man, a été adaptée en série animée en 2006, puis en série télévisée en 2007, également l’année de sortie de l’adaptation cinématographique de Sakuran. La multiplicité de son œuvre lui aura assuré le soutien d’admirateurs de tous horizons.

Les personnages féminins présents dans ses œuvres sont tous aussi différents les uns que les autres. Un point commun les unit toutefois : on reconnait en chacune de ces femmes, par leur élégance, leur coiffure et leur maquillage, l’attention que l’auteur porte à la beauté.

La beauté est un thème fondamental dans l’œuvre de Moyoco Anno. Dans son essai Bijin Gahou (La Beauté illustrée, 1998), elle explore sous différents angles des thèmes liés à la beauté, tels que les astuces beauté, le régime, la mode, ou encore le maquillage, le tout accompagné d’illustrations hautes en couleur. Dans In the Clothes Named Fat (1996), elle aborde la question des régimes excessifs provoqués par l’obsession pour la beauté.

Par ailleurs, au caractère fascinant de ses personnages s’ajoute le charme d’une atmosphère poignante engendrée par une grande sensibilité. Son sens aigu du détail se manifeste plus que jamais dans Sakuran : on le ressent autant dans les costumes somptueux que dans les décors extravagants de ce quartier du plaisir mettant en scène les amours d’une courtisane.

La carrière de Moyoco Anno a pris un nouvel essor en 2009, deux décennies après ses débuts. Outre des expositions organisées pour la première fois à Osaka et Tokyo pour commémorer ses vingt ans de carrière, elle a entrepris une collaboration avec la marque de produits de beauté Shu Uemura. En 2015, l’Honolulu Museum of Art lui a consacré une exposition intitulée « Modern Love: 20th Century Japanese Erotic Art », dans laquelle ont été exposés ses dessins originaux, aidant ainsi à établir le manga en tant que forme d’art contemporain à part entière. Il y a fort à parier qu’elle continuera à contribuer, par la variété de ses activités, à aller au-delà de la notion établie de manga.

Web : http://annomoyoco.com/